Défis d'écritures n° 1

 

Défi n° 1

Inspiré par cette photo votre texte doit commencer par "C'est drôle".

 

Que cette contrainte, légère, vous inspire.


C'est drôle cette pluie de papier

sur un monde qui meurt ?
sur un monde qui naît ?
messages reçus ou envoyés ?
bateaux sans partance
avions sans envol
feuillets de ta vie qui s'effeuille
emportant ton histoire
au fin fond du miroir...
-
Marie-Claude B

C’est Drôle ! On fait moins les marioles à Échirolles, dans la métropole, et dans les mégapoles d’entre les deux pôles.

Pas de bol, on n’a pas touché le pactole à cause de chauves-souris arboricoles, au sud des Mongols. Jusqu’à Échirolles en passant par Sébastopol, Bristol, Asansol et Flassans-sur-Issole, tout le monde s’affole.

 

Que nimbé de son auréole le grand guignol me patafiole !

Fini les cabrioles ; Où est notre gloriole, où sont nos folles gaudrioles ?

Plus de bagnoles, plus de gazole, plus de pétrole. Plus de promenades en carrioles ou en gondoles. Plus de farandole ni de carmagnole. Plus de parasol sur la Costa del Sol.

Fini l’école, on s’isole : avec qui filer la parabole, taquiner l’hyperbole ? Il ne faut point que l’on picole et sombre dans l’alcool, la gnôle et autres produits vinicoles.

 

Les écrits restent, dit-on, et les paroles s’envolent : mais dans leurs geôles les papiers confinés s’étiolent. On se désole. Comment les confier à Éole afin qu’ils caracolent ? Comment leur faire prendre l’envol, sans boussole ?

 

Dans nos taules, pas besoin de l’Algol ou du Cobol, par internet et ses protocoles lançons nos écrits depuis nos piaules vers la Gaule.

 

Pardonnez-moi cette folle rocambole, il faut bien que l’on rigole.

Si c’est pas drôle, mes excuses les plus molles.

 -

Mimo 'L


FIN

C'est drôle ! J'avais passé seize ans de ma vie à écrire un roman et il ne m'a fallu qu'une demi-seconde pour tout foutre en l'air. J'en étais au chapitre trente, le dénouement, ne me manquaient que quelques pages pour saisir les trois lettres tant attendues du mot fatidique, ce mot que je rêvais d'écrire lorsque, encore jeune étudiant, presque adolescent, j'avais tracé mes premières lignes sur une feuille encore vierge.

Tandis que je regardais mes pages s'envoler dans le vent, je songeais à ce qui m'avait poussé à ce geste désespéré. Ce fameux virus qui nous avait tous confinés, un moment inespéré pour se remettre enfin au travail et achever mon grand-œuvre. Le premier jour, j'avais terminé le chapitre en cours. Le deuxième, tout en joie à l'idée d'envoyer mon manuscrit chez un éditeur, j'avais réécrit mes dernières pages en prévision de la mort du héros. Puis remanié quelque peu l'apogée de mon récit. Cependant, insidieuse et perverse, est arrivée la sécheresse. C'est à dire plus rien, le désert, le néant. Mon cerveau était vide et ma plume aride. La page planche n'était plus une angoisse : c'était une réalité. Au bout d'une semaine, mon frigo s'était vidé mais mon livre n'avait pas avancé. Plus rien ne sortait. Au bout de deux semaines, j'ai coupé les feuilles du plant de basilic qui végétait sur la jardinière du balcon pour en faire une soupe de fortune. Avec un peu de sel, ça passait encore, on aurait dit du bouillon. Je ne dormais plus, espérant trouver l'inspiration pendant mes heures de sommeil. Ne dit-on pas que les plus beaux moments de création naissent avec l’endormissement ? Chez Proust sans doute, mais visiblement pas chez moi. La troisième semaine, j'avais si peu bougé que j'ai commencé à avoir mal aux jambes et à me mouvoir avec difficulté. Allongé dans mon lit, mon carnet sur les genoux, ma main semblait paralysée. Un soir, j'ai cru entendre les pompiers chez ma vieille voisine. Je dis « cru » car j'étais alors si faible, presque inconscient, que je ne suis pas certain de ce que j'ai pu voir ou entendre. Alors j'ai rassemblé mon manuscrit, je suis descendu en bas de l'immeuble, j'ai traversé la route qui nous séparait de la plage. Comme c'est drôle... Je pensais atteindre ma mission de vie en écrivant ce mot et finalement, j'ai tout balancé dans le silence.

 -

Ariane Piedbot


C'est drôle
soudain je découvre l'essentiel
la montagne au loin qui m'appelle
en ville les oiseaux qui volent
J'aimerais valser avec toi, avec elle
mon cœur mon corps s'affolent
Respirer l'air du soir
créer de petits bonheurs
transmettre l'espoir
d'un monde meilleur
-
Flor

C'est drôle un paysage avec un vol de pages ! Pages blanches signe de devenir ? Pages pleines signe de souvenirs ? Un homme de dos qui ouvre les bras ! A qui ? A quoi ? Vers qui ? Vers quoi ?
Quelle drôle d'image ...
Oui mais drôle comment ? Drôle comme amusant ? Comme un clown sur la piste de cirque qui nous fait rire ou sourire et qui nous émeut tout autant ?
Drôle comme une bonne blague ou un bon mot qu'on se raconte entre amis, qu'on partage et qui chasse la tristesse et tisse des liens inattendus ?
Drôles comme ces photos vieillies qui sont les témoins de notre passé, de nos looks démodés, de nos jeux et de nos bêtises enfantines et font remonter des souvenirs de tendres moments ?
Drôle peut-être comme sous-entendu , comme maladroit , comme non-dit ? Comme cet adolescent qui ne sait pas comment faire coïncider son corps et son cœur et qui passe de la déclaration poétique à la pitrerie comique et que l'on ne reconnaît plus ?
Ou drôle comme l'inconnu ? Comme quelque chose que l'on ne comprend pas, que l'on ne connait pas ? Comme ce drôle de tableau dont seul l'artiste qui l'a peint connait la réelle signification ? Ou comme ce « drôle » de gars qui ne respecte pas les codes, qui vit à sa façon, qui paraît tellement libre et qu'on envie secrètement ?
Ou alors drôle comme bizarre ? Comme une situation qui ne colle pas à ce qu'on attendait ? Drôle comme angoissant quand l'ami ou l'amant qui est toujours à l'heure , aujourd'hui est en retard et pour lequel on s'inquiète ?
Drôle comme effrayant comme un bruit inconnu le soir dans une rue sombre et qui nous fait craindre pour notre sécurité ? Ou comme un drôle de bruit
récurrent qu'on n'arrive pas à identifier et qui met nos nerfs à rude épreuve ?
Ce mot la pourrait donc dire tout à la fois ? Comme c'est drôle !!!
-
Mirabelle

Liberté Égalité Fraternité 

 

C’est drôle! Il y a encore quelques jours, on se moquait du coronavirus.

La Chine nous avait habitués à l’extrême. Construire un hôpital en dix jours nous faisait sourire. Voir les habitants porter les masques ne choquait personne. Après tout, n’en avaient-ils pas l’habitude

 

Liberté. Après les écoles, les «restaurants et cafés doivent fermer à minuit.» Panique! Priver un Français de prendre son café sur la terrasse d’un restaurant, c’est presque signer son arrêt de mort. Soudain, la vie est suspendue, la liberté aussi.

 

Égalité. Vous êtes au front, je suis confinée. Nos enfants sont angoissés. Plus de copains, plus de récré. Continuité pédagogique pour tous. Égalité dites-vous ?

 

Fraternité. À distance. Téléphoner. Réseaux sociaux. Que restera-t-il de notre humanité?

 

Aujourd’hui, la pandémie est à nos portes. Elle toque. On s’approche, on jette un coup d’œil à travers le judas. On s’éloigne. Tentation. On tourne sur soi-même sept fois. A-t-on vraiment besoin de sortir? Non. C’est la seule arme que nous avons pour combattre. Rester chez nous.

 

Jusqu’à quand, cette quarantaine?

Une bonne nouvelle est devenue une aiguille dans une botte de foin. Les pays non touchés sont comptables du bout des doigts. 

Vite, s’évader, lire quelque chose de gai.

On hésite à soigner les malades, la Chloroquine n’est pas «très» sûre. Elle soigne pourtant les trois quarts des malades au stade non avancé. 

On hésite à soigner les malades, les cas s’aggravent. Les morts s’empilent. Nos médecins meurent. Pourquoi continuer d’applaudir? Aux balcons, on devrait désormais pousser des cris d’horreur. Nos médecins meurent. Le serment d’Hippocrate jusqu’à la fin. Reposez en paix!

On a peur pour nos familles et nos amis qui sont au front. Ils travaillent pour l’effort de guerre. Leurs activités sont essentielles.

 

C’est drôle! Il y a encore quelques jours, on se moquait du coronavirus.

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Journal d’une mère confinée - Jour 7, lundi 23 mars 2020

Auteure : Naomi 


C'est drôle mais les animaux du parc sont ravis de ce confinement. Les premiers jours, rien n'était vraiment différent : les pies, les corneilles, les moineaux, les mésanges, les pigeons, les rouge-gorges vaquaient à leurs activités habituelles, surtout qu'au printemps, il y a du boulot ! Puis ils se sont demandés : mais qu'est-ce qu'il se passe ? Plus de bruit des voitures, plus de cris joyeux des enfants qui jouent, plus de pétarades des scooters... Plus personne ou presque. Alors nos animaux ont pris de l'assurance et petit à petit ils prennent leurs aises et sortent en toute sécurité. Les lapins galopent au fond du parc, les écureuils sont de sortie et tout ce petit monde semble de plus en plus considérer que le parc, c'est son domaine. Le soir, les chauve-souris virevoltent autour de la.place des Jacobins.

À quand l'arrivée des renards, des sangliers et des blaireaux...

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Marion 

La maladie du Frigidaire.

C’est drôle ! Et moi qu’on a traitée de drôlement malade, oui, vous entendez bien, de drôlement malade parce que je l’ai choisi à la fois au design classique et techniquement dernier cri, mais vous l’avez vu lui avec ses angles droits un peu trop durs, vous l’avez vu à toujours rester fermé ou pire vide car c’est bien le cas LE Frigidaire reste toujours fermé car précisément vide sans mon aide à moi et c’est drôle ça car ça va de soi sans quoi il n’existerait pas ou du moins ne servirait à rien si ce n’est à faire du givre tout seul qui lui-même m’oblige à l’ouvrir alors pour ainsi gratter et gratter encore ses parois et chercher à le dégivrer quand bien même il reste vide et que peut-être même que ce n’est pas un hasard si c’est le cas mais bien plutôt plus tôt oui, ça oui ce serait de ma faute à moi si LE Frigidaire reste vide et qu’il s’autogivre ça je peux vous le jurer oui LE Frigidaire s’autogivre c’est ainsi qu’il est malade parce qu’il est trop vide ou TROP VITE vide et qu’il en fait du givre jusqu’à s’en remplir en croyant s’embellir et en croyant servir à me servir et en me laissant moi parfaitement me maudire et être sur le point d’en périr à vous en faire croire que j’en suis drôlement malade mais qui ne le serait pas sinon un Frigidaire désespérément vide et qui continue comme ça à faire du givre, du givre, comme si ça pouvait faire rire hein ? C’est drôle quand même, lui, il fait le beau, et moi à en périr à devoir remplir le vide, à devoir en remplir mon vide, à en bouffer tout ce givre, à m’en remplir de givre, à jouer à la girouette de ce givre pas bien chouette ni pour lui ni pour moi, et j’en suis croyez-moi drôlement triste à vrai dire, LE Frigidaire qui pourtant ne manque pas d’air, et moi dans tout ça devenant complètement givrée, c’est drôle ça quand même, ah oui, ça, c’est drôle !

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Virginie


C'est drôle
Faut-il en pleurer ou faut-il en rire  
C'est drôle
Hier mai 1968 dans le monde et surtout en France l'économie s'effondre ; les gens sont dehors dans les rues
Aujourd'hui mars 2020 dans le monde et surtout en France l économie s'effondre ; les gens sont confinés dans les appartements
C'est drôle
Hier les écologistes manifestaient pour l'air pur et les récupérations des déchets
Aujourd'hui des quidams essaient de trouver et de faire des protections du nez et de la bouche avec des tissus et des plastiques 
C'est drôle
Hier on faisait traverser l'océan à une gosse pour faire la leçon au monde et aux Etats-Unis
Aujourd'hui les enfants et les ados sont interdits de sortir de chez eux et d'aller dans leurs établissements scolaires
C'est drôle
Hier nous recherchions des solutions de covoiturage
Aujourd'hui interdiction d'être plus d'un dans une voiture
C'est drôle
Hier des gens demandaient de réguler les frontières on les huait comme racistes
Aujourd'hui les frontières sont entièrement  fermées les avions  sont interdits 
-
Nicole

 C'est drôle cette sensation,

Cette sensation qui nous fait perdre tout contrôle.

cette sensation que plus rien n'est rationnel.

   Il n'y a que le cœur qui parle,

   c'est lui qui choisit.

C'est drôle comme ce petit être au fond de nous, 

qui nous fait vivre et qu'on oublie souvent malgré son but vital,

peut décider à un instant de prendre le dessus et de tout contrôler

pour le meilleur et pour le pire parfois.

   Il nous fait oublier les codes, les apparences, les manipulations,

   Juste il s'ouvre et mène la danse,

   sans peur ni méfiance.

-

Joanne


 

C’est drôle, hier il m’est arrivé quelque chose…mais  j’ose à peine vous en parle... C’est très compliqué, parce que dès que vous parlez de ces choses-là, on vous prend pour un fou. Mais là, quand même, je les ai vus, de mes yeux vus, ces MFNI. Depuis le temps que je lisais sur les OVNIS, je savais qu’ils existaient mais on n’en parle qu’entre initiés. C’est déjà dur avec les soucoupes volantes ! alors les MFNI (messages flottants non identifiés) vous imaginez ! En tout cas dès que j’ai vu ce qui se passait, j’ai cherché à m’approcher pour photographier dans l’espoir, qu’un jour, quelqu’un me croira. 

Voilà ! C’était à la tombée de la nuit et ça se passait vers le lac, juste après la clairière. De chez moi j’ai vu le ciel s’assombrir mais, tout d’un coup, ça s’est accéléré. La campagne s’est recouverte d’une grosse masse noire compacte et bien lisse. Ça a été très rapide. Si je n’avais pas su que ça existe, franchement, je n’aurais rien vu. Très vite, d’ailleurs, des fêlures sont apparues en s’élargissant à vue d’œil... J’ai pensé, vous savez, à cette histoire de matière qui se soustrait à l’observation dès qu’on essaie d’en percer la nature… mais là, les fêlures laissaient passer la lumière en dessinant des formes géométriques qui s’affranchissaient de la masse pour flotter dans l’air. On aurait dit des feuilles de papier. C’est ça qui m’a fait penser aux MFNI.  

Alors j’ai avancé et c’est là que j’ai pris la photo. C’était très beau. j’ai vu un homme comme vous ou moi. Il se tenait bien droit et tendait les bras en ouvrant grand les mains. Il était fort... Avait-il réussi à fissurer cette masse ? En avait-il été le prisonnier ? En tout cas pour moi, il l’avait libérée en se libérant. Je n’en voyais plus que les fragments et cela me faisait rire aux éclats... je me suis senti joyeux comme jamais, cet homme était libre et c’était contagieux. Je me suis dit que j’avais du travail. Ces MFNI plutôt que de les chercher (on les trouve rarement et n’est pas sûr de pouvoir les déchiffrer), j’allais les inventer. 

Encore plus drôle, en rentrant, j’ai trouvé chez moi un message de la commune voisine qui nous invitait à écrire... Drôle de planète ! En cette heure étrange, serions-nous tous des extra-terrestres ?

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Martine


C’est drôle, ces contours de christ en croix cloué sur mer et ciel...

Des feuilles, envolées d’un arbre en papier abritent de demain ou, menacent… L’être d’ombre tourne le dos, sa tête dépasse l’horizon

On voudrait savoir ce qu’il voit…

 

En tout cas, sa silhouette affronte cet invisible. Elle résiste. Bien campé, le dos ne cambre pas. Sa verticalité au carrefour des flots, des sommets, des cieux lance un cri de force ? De joie ? D’horreur ? Ou la venue d’heures nouvelles...

On voudrait savoir…

Dans l’ignorance, on lance des suppositions, superpose les incertitudes... 

Chope les infos non stop… Pour... Rien savoir!

Alors, on joue. Oui, on joue aux devinettes ! Sans attendre de lointaines ou d’improbables réponses, on distribue aux 4 vents les « si entendus », les « si imprimés... » parce qu’on sait ! Oui, on sait, sûr de sûr ! Cette silhouette découpée entre rive et cieux jongle, jongle avec tous les imprévisibles… Construit derrière l’horizon les possibles d’après...

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Nicole N.


C’est drôle on sait plus quoi faire de nos mains nous les humains :

On se les lave, on se les frotte, faut rien toucher : gare au venin...

Plus d’apéro entre copains

Ni même  approcher des bambins,

Et encore moins prendre le train...

Faut choisir entre visite chez le médecin ou faire les courses au magasin, 

Mais les balades sur les chemins c’est interdit pour nous humains...

C’est drôle on sait plus quoi faire de nos pieds,  on est presque devenus des nains d 'jardin…

Bien enfoncés dans nos coussins, les  jeunes les vieux on reste en cage à fixer des écrans bleus assassins :

C’est drôle on sait plus quoi faire de nos têtes vides nous les humains :

Et pour beaucoup les heures passent au compte-goutte sans lendemain.

La terre la mer et les oiseaux : on est plus sûr de rien : nous les humains franchement on craint !

Pourtant quand la nuit embrasse  le parfum des  fleurs et des jardins  le chœur des humains s’ouvre soudain en  un seul refrain :

Merci à vous pour demain !

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Danielle