Résultats de l'atelier d'écriture en ligne

Oiseaux d'ici et d'ailleurs

Dessin d'Anne G.

L'an dernier, dans le cadre de la labellisation LPO de notre parc, nous avions organisé un atelier d'écriture ("Mon parc"). Il s'était déroulé de 18 à 21h30 au local de l'Association et il avait rassemblé une dizaine de participants qui avaient apprécié l'expérience.
Cette année était prévu un nouvel atelier sur le thème "Oiseaux d'ici, oiseaux d'ailleurs". Nous l'avons finalement organisé le 8 mai, en ligne, mais avec de longs moments partagés grâce à différents outils collaboratifs.
Voici quelques-uns des textes issus de cet atelier.

« Voler de tes propres ailes, tu y laissera des plumes. » Ainsi mes parents ne voulaient pas que je quitte le nid et que je me brûle les ailes. J’avais envie de leur piailler des noms d’oiseaux. Je suis libre. Moi Colibri Azur, toutes les nuits quand la chouette ulule, je rêve que je vole tout la haut, loin de leurs cuicuis incessants. Je rêve du grand large, de migration printanière. Au delà de la ligne de la côte. Les ailes paresseuses des moulins a vent m’encouragent a prendre mon envol. Je suis un oiseau rare et je ne reste pas en bande pour ne pas me prendre le bec. Je change de cap, je garde le cap, je pique , et hop ! Un crabe. Miam miam, j’ai une bonne ventrée. Puis, à la queue leuleu avec les albatros, je virevolte vers l’Amazonie pour retrouver mes hibiscus. Leurs parfums, leurs couleurs de la vie qui chante. C’est dans ce bonheur que je me réveille sur mon oreiller en plume... je n’ai pas quitté le nid, je suis toujours trop petit et en prison dans ce perchoir de perroquets hargneux. Mais dans mon crâne de piaf, je suis libre! Libre de m’envoler toutes les nuits dans mon sommeil, flotter, plonger, planer...
La cage aux oiseaux est ouverte dans mon cœur.
--
Ina

Drôle d oiseau

Je ne sais pas pourquoi

J'ai des plumes très colorées sur le corps comme l'ara 

Des noires et blanches sur les ailes comme la pie

Une houppette sur la tête comme l'oiseau du paradis

De grandes pattes comme le flamant rose

Un petit bec de moineau

Et encore beaucoup de particularités….

Je me suis nommé moi-même “oiseau du monde “

--

Nicole B.


Colombe ouatinée
Trois petits œufs tout bleus, ô ! nid, confortable est ta paille, ö ! bonheur simple.
Oiseau, il se fait tard, rentre à ton logis !
Ton printemps m'est doux, ton chant m'est tendre…
Tu volètes à ma fenêtre et mon cœur se gonfle d'un merci.
Et quand la froidure reviendra, sache que j'aurai une pensée pour toi.
Tu m'as apprivoisée, je ne pourrai t'oublier.
Viens ! Je t'appelle.
A mon heure dernière, sois le témoin !
Et celui qui accompagnera mon âme
Lors du grand passage.
--+
Colette B. 

Au-delà des miroirs aux alouettes
Il existe un ailleurs
N'écoute pas les cris d'orfraie
Des oiseaux de mauvais augure
Enjambe les autruches apeurées
Ne reste pas à bailler aux corneilles
Ici où tout se mêle et s'emmêle à l'ombre des rêves avortés
Déploie tes ailes et suit les hirondelles
Loin des cieux barrés de nuages confinés
Il te reste à découvrir des cieux immenses
--
E. 

Oiseau de mauvais augure ! Comment oses-tu déployer ton vol goguenard à l'horizon rétréci de ma sérénité ? Privé depuis trop longtemps du survol des ailleurs, contraint aux migrations rêvées, je me racornis aux confins de mon cœur.

Comment peux-tu encore éructer tes gazouillis braillards dans mon ciel confiné ? Ne vois-tu point qu'un insidieux microscopique niche et prolifère dans mes libertés, me déplumant un peu plus chaque jour ?

Arrête de picorer mon présent me laissant impuissant dans mes rêves ! Cesse d’égrener tes arabesques en méli-color dans l'azur inquiétant des lointains figés.

A quoi bon voler les heures si je ne peux plus être fidèle au vent ? Ravale ton nid et va pondre dans l'hivernage des ferrailleurs d'illusions.

Laisse-moi pelotonné dans le moelleux de l'instant, au duvet fragile et fugace. L'espoir camouflé tangue dangereusement, épuisé jusqu'à l'ivresse. Le temps vacille, bas les plumes !

Et connais-tu seulement le suave d'un baiser ?

--

Corbeau D-culotté


Rien
qu’en écoutant son chant,  
d’oisif je deviens, à l’instant,
 oiseau. 

Une envie d’évasion m’a saisie. 

S’il suffisait  
pour changer de cap ou d’horizon,  
pour contempler le grand large, 
de fermer les yeux ? 

S’il suffisait  
pour toiser le monde, 
pour renverser le décor,
de disparaître ?

Je me pare de nuit, dans  la peau d’une corneille, 
vers l’au-delà des rêves, je vole jusqu’au ciel, 
biffure noire  sur le miroir des  illusions.

Depuis mon fauteuil,
je m’échappe vers l’ailleurs,
je cesse de cisailler le vide en vain. 
J’invente mes lendemains.

Je me prends pour l’oiseau,
je laisse pousser mes ailes, 
je me casse en pensée, je me taille
une flûte dans un roseau.

Sur un chant,  je m’envole.

--
Christine J. 

Envolée mon oiselle
Voilée ma prunelle
Voler mon ange
Lâcheté criminelle 
Rageuse mésange
Vaillant tueur
Agile aviateur
Vengeance cruelle
Noircie les cieux
Adieu
--
Nicole C. 

C’est comme l’oiseau, l’oiseau qui vole et qui danse dans le lit du vent, toujours plus loin, toujours plus haut. Ici, ailleurs, c’est pareil, le mystère du monde est en nous, il nous attend, il lui faut juste un peu d’espace pour se déployer, un peu de silence, un oiseau et le monde s’ouvre jusqu’à l’immense. Je me sentais pousser des ailes, des ailes très belles, fidèles au vent et à l’oiseau, l’oiseau qui m’attend, l’oiseau qui m’entraîne ici, et pourquoi pas ailleurs.

--
Eliette

 


Oiseau des tempêtes

pèlerin du temps, bagué d'écume

inconnu au-delà de la ligne

au loin d'un autre ciel

 

Voyageur vagabond à queue de comète

tu marchandes des gouttes d'océan

lâchées sur le feu horizon

contre une plume pourpre, flammèche cuivrée

 

Tu bois l'ombre amère du bord des terres

à l'appel des nuits mandoline,

danse en vol, comme valse hongroise,

glissade silencieuse sur bise salée

 

Chineur d'illusions, simulateur d'atonie,

la treizième heure est la tienne

pour renverser le décor,

émietter rêves de lilas et odeurs boisées

 

Avec toi, j'oublie le cours du voyage

d'hérisson, je deviens rossignol

sillonne, silencieuse, les lacs et les champs 

et signe au ciseau d'indicibles complaintes...

 

--

Frédérique


Chiffonnier de l’aube

 

Oiseau de passage, partout et nulle part en même temps,

Perroquet sans ailes porté par les cinq vents

Je cisaille le vide de mes ciseaux d’argent

 

Oiseau volage, silencieux dans la brise et le chant,

Sterne sur l’océan, voyageur de l’écume sur les vagues,

Je quitte le jour pour les étoiles, les grandes constellations

 

Oiseau sauvage des indicibles printemps,

Rossignol au cœur d’ange, réel sur les décombres,

Je cueille la sauge et le thym à deux pas d’une tombe 

 

Oiseau ravage, loin de la pleine mer et ses haleines,

Merle noir buveur d’ombre dans la chaleur des hauts-fourneaux,

Je scande au-dessus de vos tours l’inexorable rengaine des mutations

 

Oiseau de langage, aux embruns de sel sur la langue,

Colibri bricoleur dans l’éphémère vapeur du monde,

Je devine au large le vaste littoral où j’ancrerai mes songes

 

Oiseau de partage, ténébreuse zébrure d’absolu dans la voute sidérale,

Condor aéroplane, pourvoyeur d’espace aux chevilles de vent,

Voilier du ciel, chiffonnier de l’aube, je toise la foule de ma folie nomade.

 --

Yves